Climax by Thomas B. Reverdy

Climax by Thomas B. Reverdy

Auteur:Thomas B. Reverdy
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Flammarion
Publié: 2021-04-15T00:00:00+00:00


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20 octobre

C’est fin octobre qu’Anders organisa finalement cette soirée d’information sur l’état du glacier, à quelques semaines de l’ouverture des pistes de ski qui dépendent de l’unique téléphérique de la ville. La mairie avait prêté l’ancien théâtre municipal pour la projection d’un documentaire réalisé par un Norvégien un peu connu qui prétendait se soigner en plongeant régulièrement son corps dans l’eau glacée, sous la banquise. Le film retraçait, sur cinq ans, la venue de la débâcle dans l’archipel du Svalbard et l’île aux Ours, à mi-chemin. Elle se produisait de plus en plus tôt dans l’année. L’image d’un ours polaire dérivant sur une sorte de gros glaçon, s’éloignant comme s’il partait en voyage avec son air d’ours qui ne comprend pas bien ce qui se passe, avait valu au film plusieurs prix dans des festivals de films documentaires aussi internationaux que confidentiels. Après la projection, Anders et ses collègues du Norsk Polarinstitutt devaient faire une présentation de leurs récentes découvertes sur l’état du glacier, suivie d’un débat avec le public.

Anders raconta la nuit qu’il avait passée un mois plus tôt dans la montagne. Il raconta les craquements et les fissures dans la glace, les ouvertures de crevasses si larges que cela s’apparentait plus à des failles, avec des décrochements de terrain de plusieurs mètres. Il avait attendu l’aube pour prendre des photos et les faisait défiler à présent derrière lui pendant qu’il parlait. On y voyait le glacier fracturé et, dans ses crevasses, des rivières souterraines qui jaillissaient comme autant de fuites dans un waterbed et creusaient dans la glace, pour y retourner, des tunnels bleu clair et des ravins noirs, et de satanés torrents qui n’auraient jamais dû voir le soleil. Il n’était pas très à l’aise quand il s’agissait de prendre la parole en public. Dans la salle on avait rallumé les lumières et apporté trois chaises pliantes devant l’écran afin que les scientifiques puissent s’asseoir mais Anders, qui parlait en premier, s’était levé et approché du bord de scène pour être plus proche des gens, ce qui l’intimidait moins. Il n’avait pas fait d’effort vestimentaire particulier, s’était présenté en jean, chaussures de marche aux semelles de caoutchouc épais, et surchemise à carreaux verts et jaunes, façon garde forestier, au-dessus d’un tee-shirt lui-même assez ample pour dissimuler son début de ventre de quadragénaire. Avec ses cheveux roux mi-longs et sa moustache tombante, à la mode de l’année, il ressemblait à une sorte d’étudiant gauchiste, ce qu’il n’avait sans doute jamais vraiment cessé d’être.

Il avoua avoir eu vraiment peur, cette nuit-là, sur le glacier. Il dit :

« Je n’avais jamais vu ça avec une telle violence, le glacier craquait dans toute son épaisseur, c’est cela que tout le monde a pris pour un tremblement de terre, et dans un sens c’en était un, excepté que ça venait du glacier, de ses profondeurs. Comme lors d’un glissement de terrain : c’était comme si la montagne s’était cassée en deux.

« J’étais parti prendre des mesures. Nous enregistrons les mouvements de la



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